L’exercice du kinésithérapeute sera-t-elle la même dans 5, 10 ou 20 ans ? La question peut se poser à la lecture d’un récent rapport du Sénat consacré à la financiarisation de la santé en France.
L’exercice salarié, une révolution pour les masseurs-kinésithérapeutes ?
Traditionnellement, à l’instar de bien d’autres professions de santé, les masseurs-kinésithérapeutes choisissaient d’exercer sous forme libérale. Même si le rapport entre la part des kinés libéraux et des kinés salariés ne connait pas une évolution conséquente, force est de constater que la tendance tend néanmoins à s’infléchir.
Le CNOMK (Conseil National de l’Ordre des Masseurs Kinésithérapeutes) a publié une enquête nationale sur l’exercice salarié de la kinésithérapie en France en 2024. Comme l’explique la présidente, Pascale Mathieu, dans l’édito de l’étude, cette dernière a principalement été conduite pour « sensibiliser les pouvoirs publics et les associations de patients à une évolution préoccupante qui ne peut qu’avoir des conséquences néfastes pour la prise en charge des patients les plus fragiles. »
Aussi, l’étude, se concentre-t-elle, à détailler les conditions de travail des masseurs kinésithérapeutes salariés à l’hôpital principalement. Elle pointe du doigt les sous-effectifs chroniques, mais aussi des taux de rotation préoccupants tant pour les professionnels de santé que pour les soignants. Le CNOMK appelle donc les autorités de tutelle à se saisir de ce « malaise » qui se généralise au sein de la profession.
Le salariat, la face visible de la financiarisation de la Santé en France ?
Les masseurs-kinésithérapeutes semblent être moins concernés par l’augmentation du nombre de kinés salariés par des centres de santé privés que bien d’autres professions. Ce phénomène de financiarisation (et de concentration) de la santé inquiète bien des professionnels de santé d’une part, mais aussi les autorités publiques d’autre part.
Ainsi, la commission des affaires sociales du Sénat a publié à la fin du mois de septembre dernier une étude sur la financiarisation dans le secteur de la santé. Les questions qui en découlent concernent tous les acteurs de la santé, y compris les masseurs-kinésithérapeutes.
Les cliniques privées sont déjà aux mains de 4 grands groupes, alors que 6 sociétés se partagent le marché des laboratoires de biologie. Imagerie médicale, centres dentaires, centres ophtalmologiques sont, depuis plusieurs années, impactés par cette financiarisation, alors que les centres de soins primaires commencent à susciter la convoitise de ces financements privés. Et demain, les centres de kinésithérapie ?
Mais que dit ce rapport ?
Le rapport du Sénat souligne, que si l’intervention croissante (depuis le début des années 2000) des fonds d’investissement dans le secteur de la santé a permis des économiques d’échelle et une optimisation des coûts, elle interroge aussi quant à l’indépendance même des professionnels de santé.
Les sénateurs s’interrogent en se demandant si certaines structures, par leur nature même, « incitent certains praticiens à privilégier la rentabilité financière au détriment de l’intérêt des patients ». Non seulement, cela conduirait à un abandon des principes posés par la déontologie médicale, mais conduirait donc à faire de l’impératif financier une priorité par rapport à l’intérêt des patients.
Dans ses préconisations, le rapport définit les règles à instaurer en urgence pour éviter une généralisation de cette tendance. Mais il insiste également sur la nécessité de former tous les professionnels de santé à cette problématique :
« […] il est nécessaire d’outiller les professionnels de santé, en particulier les jeunes générations, afin qu’ils puissent faire face à ces nouveaux défis. ».
Pour les étudiants en santé, le rapport souligne également une priorité absolue :
« Des formations sur la gestion des structures médicales et l’importance de l’indépendance professionnelle devraient être intégrées aux cursus des futurs praticiens pour garantir un système de santé orienté avant tout vers les patients et non vers la rentabilité. »
Cette question devra être traitée dans les meilleurs délais par le ministère de la Santé, parce qu’elle peut remettre en cause, la nature même de l’organisation des soins en France.
Et vous, craignez-vous que l’exercice du kinésithérapeute devienne une cible de ces fonds d’investissement ? Ou est-ce trop tard pour réagir, la financiarisation de la santé étant déjà trop engagée ?
La kinésithérapie est en survie , travailler en libéral pour 32 € brut de l’heure , cela oblige surtout les professionnels à travailler 15 h/j pour faire face à leurs obligations financières inhérentes au fonctionnement de leur cabinet et aussi à pouvoir vivre de leur labeur tout en offrant des soins de qualité aux patients , accuser la profession de prioriser la rentabilité de leur activité au détriment de la santé des patients est tout simplement la démonstration de l’incompétence de notre technocratie qui elle est devenu l’ogre monstrueusement contre productif qui dévore la France ! Fuyez Pauvres Fous ( mes confrères) avant qu’ils ne vous accusent encore et encore d’être coupables de leur propres erreurs !!!
Les kiné libéraux ont fait le choix de leur indépendance pourquoi iraient-il dans des structures à faire encore plus d’argent ?
Les journées ne sont pas extensible, si l’on a le plaisir du travail bien fait en gagnant bien sa vie et en se préservant, aucun intérêt pour ces espaces financiers, ils ne font que du tors à notre profession.
Ces domaines de rentabilité sont la pour des personnes qui ont vocation à sortir du système du conventionnement dans ce cas qu’ils en sortent et le problème est réglé.
Si l’on fait le parallèle avec les dépassements d’honoraire exorbitant dans le monde des spécialistes médicaux ou honoraires libres, le déconventionnement mettrait un terme aux excès, plus de praticiens ne pratiqueraient ces dépassements, on ferait baisser les prix des mutuelles, un peu plus de justice sociale. Le déficite de sécurité social est maitrisable tout en considérant que l’on ne fait pas d’argent avec la santé. Il y a matière à débattre et pas assez de ligne…